Lors des soutenances de thèse en médecine, et les hasards de la vie m’ont amené à assister à de nombreux jurys, il est un moment assez solennel, c’est celui de la prestation de serment. Abordé, selon le candidat, avec émotion ou une certaine distance, voire avec humour, ce moment n’est jamais anodin: il y est question de respect, d’aide, de soins.
Car le médecin est celui qui soigne, et pour cela il doit avant tout ne pas faire de mal, jamais: primum non nocere dit l’adage. Certes, et c’est son aspect démiurge, il aimerait être celui qui guérit, mais au fond y croit-il? et d’ailleurs faut-il y croire pour l’entreprendre? Eugene le Roy, et tant d’autres ont tourné et retourné cette question à laquelle Ambroise Paré répondait: je l’ai pansé, Dieu l’a guéri.
Comme il existe des avocats marrons, des citoyens malhonnêtes, des notaires véreux, il existe une certaine proportion de médecins qui ont oublié leur serment. Certains emportés par la vie, d’autres par l’argent. Certains, pour les meilleures raisons du monde, croient qu’ils soignent des malades en les faisant participer à une sorte de loterie qu’ils baptisent « protocole » de façon à cacher que seuls les gagnants bénéficieront du traitement que l’on estime le meilleur(1). Statisticiens, employés de systèmes d’assurance, s’ils sont certes encore docteurs, ils n’ont plus de médecins que le titre qu’ils usurpent.
Le Professeur Raoult n’est pas de ceux-là. Au risque de sa réputation de sa carrière et de son avenir, tout ce qu’il dit aux malades qui le consultent c’est « au mieux de mes connaissances et de mon travail je peux vous proposer ce traitement que je sais peu dangereux si on l’applique avec rigueur et dont je pense qu’il peut vous soulager, voire vous guérir ».
Si, par malheur, je devais être touché par cette maladie, c’est sans hésiter un seul instant que j’irais consulter Didier Raoult, ni pour ses titres ni parce qu’il a une grande gueule et un air folklorique. Je n’irai pas non plus en raison de son important savoir distingué par un palmarès imposant. J’irais parce qu’au rebours de ses collègues au regard glacial pour lesquels nous ne sommes de des cas, il est simplement et, ma foi humblement, ce qu’il y a de plus élevé parmi les vocations humaines. Il est un médecin.
AFRN le 19 Mai 2020
(1) Si on ne le pensait pas meilleur, on n’organiserait pas un couteux essai « en double aveugle »